Alan Shepard, le chaînon manquant

Petit rappel chronologique :

  • Le chimpanzé Ham fait un vol suborbital le 31 janvier 1961.
  • L’astronaute Alan Shepard  fait un vol suborbital le 5 mai 1961.
  • L’astronaute Virgil Grissom fait un vol suborbital le 21 juillet 1961.
  • Le chimpanzé Enos (homme, en hébreu) fait 2 orbites autour de la Terre le 5 novembre 1961.
  • L’astronaute John Glenn effectue 3 orbites autour de la Terre le 20 février 1962.

Alan Shepard, ayant fait un vol après Ham et avant Enos, John Glenn, son grand rival, qui avait mal accepté qu’il ne soit pas le premier américain dans l’espace, disait souvent que Shepard était le « chaînon manquant » entre l’Homme et le singe !

Les « victoires » de Shepard

Alan Shepard, à bord de sa Corvette Sting Ray surpuissante (370 cv) qui atteignait facilement 200 km/h, avait l’habitude de faire la course avec des étrangers au volant de leur voiture de sport…

Un peu mauvais joueur, il s’arrangeait toujours pour défier des voitures moins puissantes que la sienne. Il s’est d’ailleurs fait arrêter par la police, alors qu’il faisait la course avec une fille qui roulait dans une MGA… Ce qui fit la une des journaux locaux…

Alors qu’ Alan Shepard arrive à la concession de Jim Rathmann pour récupérer sa nouvelle Corvette, il marque un temps d’arrêt lorsqu’il découvre sur la portière les autocollants que  Rathmann a collé  pour symboliser ses « victoires », comme les marques de victoire sur les avions.

Il y avait bien évidemment des autocollants MG, Sprite, mais également des voitures moins  « sportives », l’équivalent de nos 2CV ou 4L… et quelques vélos !

Alors qu’il s’apprête à sortir de la concession, au volant de son nouveau bolide, deux policiers complices, l’arrêtent, le sermonnent et lui ordonnent de ne pas dépasser les 50 km/h… Pour couronner le tout, ils l’escortent tout le long jusqu’au Centre Spatial Kennedy.

Plus tard, Shepard dira, au sujet de toutes ces blagues et de ceux qui les imaginaient :  « They made it easier ! » (Ils ont rendu les choses plus facile !)

 

Walter Schirra, une occasion en or

Walter Schirra avait un faible pour les très belles voitures de sport étrangères, notamment les Maserati. Un jour Grissom lui dit : « Wally, il y a un gars en Floride qui vend une Maserati, quasiment neuve, pour 1000 dollars. Tu penses que c’est une bonne affaire ? »

Schirra lui répond : « Tu es malade, une voiture comme ça vaut au moins 5000 dollars ! Appelle-le tout de suite et achète-la ! »

Grissom : « Non, pas de précipitation, je pense que je vais pouvoir négocier et l’avoir pour 500 dollars ! »

Schirra, hors de lui : « Tu es fou, n’attends pas, achète la tout de suite pour 1000 dollars !« 

Grissom : « Je dois y réfléchir ! »

Tous les jours Walter Schirra lui demande s’il a acheté la voiture, et Grissom répond invariablement : « Je suis encore en négociation ». L’indécision de Grissom le met hors de lui, comment hésiter devant une occasion pareille !

Deux semaines plus tard, Grissom demande à Schirra s’il peut l’accompagner, car il va essayer la voiture et il veut son avis de connaisseur. Ils rencontrent le propriétaire et son bolide, effectivement, la Maserati n’a que quelques centaines de kilomètres, elle est comme neuve.

« Achète-là » supplia Schirra

« Je ne sais pas, j’hésite, il faut que j’y réfléchisse encore ! » Schirra est complètement hystérique…

Quelques jours plus tard, Grissom appelle Schirra pour lui dire qu’un concessionnaire de Miami veut acheter la voiture. Que doit-il faire ?

Aussitôt, Walter Schirra appelle le concessionnaire pour lui dire que la voiture est réservée, il parle tellement vite, et semble si surexcité, que son interlocuteur finit par éclater de rire… Schirra vient de comprendre, il s’est fait avoir ! Gotcha !

Toute cette mise en scène a été organisée avec la complicité de Jim Rathman, qui avait un ami qui possédait une Maserati toute neuve, et un ami concessionnaire à Miami.