Donald Slayton, la route a été très longue

Donald Slayton devait être le deuxième américain en orbite, et effectuer trois fois le tour de la Terre en mai 1961, à bord de sa capsule Mercury, qu’il avait baptisé Delta 7 (Mission MA-7 Delta 7).

Hélas, le sort en décida autrement !

Donald Kent Slayton

Depuis le 25 aout 1959, la NASA a connaissance d’un léger trouble intermittent du rythme cardiaque de Donald Slayton, en effet ce jour-là, il se trouve à la base aérienne de Johnsville (US Navy) en Pennsylvanie pour une séance de centrifugeuse.

William Douglas, le médecin des astronautes « branche» l’électrocardiogramme et décèle très vite une arythmie sinusale, et ce, avant, pendant, et après, la séance.

Afin de confirmer le diagnostic, il lui prescrit  un examen cardiaque complet à l’Hôpital Naval de Philadelphie, au cours duquel aucune anomalie n’est décelée.

Un mois plus tard, Slayton subit de nouveaux tests à la base aérienne Brooks au Texas. Cette fois, les deux cardiologues Charles Kossman et Lawrence Lamb diagnostiquent une « fibrillation atriale idiopathique », une anomalie mineure du rythme cardiaque. Son statut n’est aucunement remis en cause.

Donald Slayton continue donc ses activités d’astronaute tout à fait normalement jusqu’en 1962.

Trois semaines après le vol de John Glenn et deux mois avant le sien, l’administrateur de la NASA, James Webb décide de rouvrir son dossier médical et de procéder à de nouveaux examens.

Ainsi, le mardi 13 mars 1962, Donald Slayton et Bill Douglas se rendent au Temple Building à Washington pour rencontrer le médecin général de l’US Air Force, assisté d’une vingtaine de spécialistes. Après des tests très poussés, ils concluent que Slayton est apte au vol spatial.

Curieusement, James Webb n’est pas d’accord, il veut qu’il soit examiné par des médecins civils.

Aussitôt dit, aussitôt fait, Slayton est convoqué deux jours plus tard, jeudi 15 mars, au quartier général de la NASA où l’attendent trois médecins, Proctor Harvey de l’Université de Georgetown, Thomas Mattingley du Centre Hospitalier de Washington, et Eugene Braunwell de l’Institut National de la Santé.

En guise d’examen ces derniers lui demandent d’enlever sa chemise et à tour de rôle écoutent son cœur avec un simple stéthoscope !

Quelques minutes plus tard, Hugh Dryden, l’Administrateur adjoint de la NASA, annonce à Slayton, de but en blanc, qu’il est interdit de vol spatial.

Ces « toubibs », qui n’avaient aucune raison médicale objective pour le clouer au sol, avaient émis une recommandation des plus avisées : « Si vous avez des pilotes qui n’ont pas de problème cardiaque, pourquoi ne pas faire voler plutôt ceux-là ! »

Le 16 mars, la NASA organise une conférence de presse au cours de laquelle Slayton annonce sa situation et l’annulation de son vol. Lorsqu’un imbécile de journaliste lui demande ce qu’il pense être le moment le plus stressant d’un vol spatial, il fait cette réponse acerbe : «  La conférence de presse ! »

En juillet 1970,  après une hygiène de vie exemplaire et un traitement journalier à base de vitamines et de quinidine, le petit trouble cardiaque de Deke Slayton disparaît.

En mars 1972 il recouvre totalement son habilitation au vol, et est réintégré de plein droit dans le corps des astronautes, devenant ainsi éligible pour un vol spatial.

Le 9 février 1973 il est sélectionné pour la mission conjointe américano soviétique Apollo-Soyouz qui décollera le 15 juillet 1975.

Après 17 ans d’attente, entre temps il a été responsable du bureau des astronautes puis Directeur du Flight Crew Operations, (Suprême ironie, c’est lui qui désignait les équipages pour les missions spatiales) il peut enfin accomplir son rêve : aller dans l’espace !

Les fous du volant

Un matin, début 1963, six bolides flamboyants filent sur l’ « Interstate 45 » en direction de Houston.

Roulant à plus de 150 km/h, les six conducteurs slaloment entre les voitures parmi les automobilistes médusés, deux Corvettes doublent une voiture en même temps, l’une par la gauche, l’autre par la droite.

Ils se frayent un chemin, se faufilant entre les voitures au mépris du danger… En entrant dans la ville, ils ralentissent à peine, la course poursuite n’est pas terminée.

Il s’agit d’arriver le premier au parking situé devant l’immeuble Farnsworth & Chambers où se trouvent les bureaux provisoires de l’ « Astronaut Office ». Le nouveau centre spatial près de Houston n’est pas encore terminé.

Les voitures déboulent dans la parking à peu près en même temps. Les conducteurs en sortent. Que des astronautes, il y a Gus Grissom, Wally Schirra, Gordo Cooper, Deke Slayton, Jim Lovell et Pete Conrad.

Les fous du volant sont hilares. Donald Slayton allume alors un gros cigare et marmonne entre les dents : « P…. de Dieu, on devrait arrêter ces conneries. On va finir par se faire coincer par les flics ! »

CAPCOM

Au centre de contrôle des missions, le CAPCOM (Capsule Communicator – Capsule car le premier vaisseau spatial américain, Mercury, en était une) est un astronaute qui fait office « d’interface » entre les contrôleurs de vol et l’équipage du vaisseau spatial.

Il est assis juste devant le directeur de vol. Il est la seule et unique personne autorisée à communiquer avec les astronautes, une règle qui, comme de bien entendu, souffre de quelques notables exceptions.

Le premier directeur de vol, Christopher Kraft, avait compris dès le départ qu’il était bien plus rationnel de n’avoir qu’un seul interlocuteur à la fois. 

Qui plus est, cette fonction est principalement assurée par des astronautes, membres de l’équipage suppléant (back up crew) et le cas échéant par l’équipage de soutien (support crew) lors des longues et complexes missions Apollo.

En effet, qui, mieux qu’un astronaute s’étant entrainé sur la même mission que ses collègues dans l’espace, rompu aux différentes procédures et opérations, familier avec les aspects techniques spécifiques de la  mission, est le plus apte à remplir ce rôle.

Donald Slayton a été le tout premier CAPCOM, lors du vol suborbital d’Alan Shepard !

Aujourd’hui, les CAPCOM des missions de la navette spatiale sont toujours des astronautes, mais ce n’est plus le cas pour la Station Spatiale Internationale.